[Rp Terminé] Rencontre spontanée aux portes de la ville #1 (Izzri'May)

 Depuis combien de temps tu es là ?

Izzri'May releva la tête, perdant son regard sur le plafond. Depuis combien de temps ? Elle était arrivée avec une caravane marchande et s'était glissée dans leur convoi pour accéder à la ville. La porte vers le sous-sol était désespérément fermée, interdisant les souterrains mal famés et les taudis à quiconque ne connaissait pas le moyen de l'ouvrir.
Et elle ne le connaissait pas.

La jeune femme s'assit par terre en soupirant. Oui, elle avait de la marchandise légale à vendre, mais elle n'était pas sûre de pouvoir monter au-dessus du Marché local et elle s'intéressait peu à ce genre de clients. Pas assez fortunés, ils avaient tendance à marchander pour faire baisser les prix jusqu'à une somme totalement déraisonnable et elle n'aimait pas que l'on estime que parcourir la planète à la recherche des meilleures marchandises ne valait "pas beaucoup plus de trois Arafir".
Conneries. Ça valait au moins trois cent fois plus.
Elle regarda d'un air vague une gamine qui passait devant elle. Vu sa tenue, sans doute qu'elle avait accès aux plus hauts étages. Une petite chanceuse qui ne connaîtrait pas la difficulté de la vie.

Elle devait se relever. Marcher, aller escroquer quelques esprits faibles à l'étage supérieur pour récolter de quoi se nourrir une nuit de plus, parce que la famine n'était pas une sensation agréable. Aller, May, un peu de volonté. Ce n'est qu'une journée de plus dans ton éternité. Elle soupira. C'était si insipide, si monotone, qu'elle aurait presque préféré ne jamais émerger des flots, aussi intacte que si on ne l'avait jamais attaquée.

Elle secoua la tête pour se débarrasser de ses pensées moroses et négatives. Ça lui arrivait trop souvent, en ce moment. Alors elle considéra comme bienvenue la distraction qui s'offrait à elle. Elle jeta un œil à la boutique derrière elle. C'était au niveau zéro, derrière une porte un peu trop épaisse pour être un simple magasin. A vu de nez...

— Sûrement des armes. Je ne vois pas ce que ça pourrait être d'autre, au niveau des gardes.

May se releva vivement et épousseta sa robe avant de lui tendre la main.

— Je m'appelle Izzri'May. Et si c'est trop compliqué, May suffira amplement, dit-elle avec un sourire.

Quitte à parler à quelqu'un, autant avoir l'air aimable. Et puis comme elle se présentait, ça laissait moins de soupçons. Quelle fugitive se présenterait aussi facilement au premier venu ?

S'excuser pour si peu. L'idée l'aurait presque fait sourire, elle qui ne s'excusait jamais pour quoi que ce soit. Elle avait la vague impression de lui faire peur, mais pouvait-on vraiment le lui reprocher ? Il suffisait de baisser les yeux pour comprendre qu'il y avait quelque chose d'anormal chez elle. Lui, il avait son ombre qui se déroulait sous ses pieds grâce à la lumière qui filtrait par les fenêtres de la tour.
Et elle ? Elle n'avait que la preuve de son absence d'existence.
D'ailleurs la vitrine derrière elle ne la reflétait pas, alors que lui était parfaitement visible.

Elle étudia sa proposition quelques secondes. Elle était fauchée - et le mot était faible - parce qu'elle avait passé les dernières semaines à battre la campagne et qu'elle n'avait pas encore eu le temps d'écouler sa marchandise. Elle n'avait pas mangé depuis au moins trois jours et même si ça n'avait aucune influence sur sa santé, elle commençait à avoir sérieusement mal au ventre. Et puis... elle ne risquait rien. Il n'avait pas franchement la tête d'un espion de l'empire.
Dans le pire des cas, elle avait toujours ses pistolets à portée de main.

— Pourquoi pas ? Je ne sais pas de quand date la dernière fois que j'ai mangé, et je ne dirais pas non à un en-cas.

Cet étage était vide, en dehors des postes de gardes et de leurs appartements. Une auberge "à côté" c'était soit celle à l'étage, soit un endroit à l'écart de la ville, soit les gardes en avaient une bien à eux mais elle préférait franchement éviter d'y mettre les pieds. Elle n'était pas à l'aise avec les représentants de la loi, et ça avait un peu à voir avec le fait que l'un d'entre eux l'avait laissée pour morte.

N'y pense pas. Elle retint un soupir qui aurait pu être mal interprété et le suivit jusqu'à l'auberge où il l'avait invitée. Devait-elle faire preuve de scrupules et ne pas prendre quelque chose de trop cher ? Elle le jaugea un instant. Était-il riche ? Elle n'avait pas de remords à dépenser l'argent des gens riches. C'était l'un de ses fonds de commerce, après tout. En tout cas, il n'avait pas l'air d'un habitant miteux des taudis.
Enfin, à bien y réfléchir, ce n'était pas son genre d'avoir des scrupules.